Je me demande de quoi parle ce film... Ce code couleur m'est totalement inconnu! |
Bonjour à
tous chers lecteurs ! Aujourd’hui je vais rusher autant que possible cet
intro car nous allons parler d’un bon film, dont j’ai un certain nombre de
choses à dire. Sans transition, nous allons parler du film Le fondateur,
réalisé John Lee Hancock – qui a quand même réalisé Dans l’ombre de Mary,
film sur Walt Disney, mais aussi Bad Boys II – avec en rôle star
l’exceptionnel Michael Keaton, et en second rôle remarqué Nick Offerman – qui
restera pour moi à jamais Ron Swanson, un des personnages les plus iconiques de
la série Parks and Recreation, que TOUT LE MONDE devrait avoir vue.
Autant
vous dire que ce film part sous les meilleurs auspices et que j’avais un peu
hâte de voir ce que ça allait donner, d’autant que son sujet est assez
controversé, vous allez vite vous en rendre compte.
De quoi que ça parle-t-il donc ?
Le film
nous raconte l’histoire de Ray Kroc, un nom que vous avez peut-être déjà
entendu, puisqu’il s’agit de celui que l’on connait comme le fondateur de
l’empire McDonald’s. Nous commençons par le découvrir en tant que vendeur
itinérant pour une marque qui vend des machines à Milk Shake pour des Dinners
américain, sur la côte Est. Les affaires ne marchent pas tellement, ce qui le
contrarie beaucoup puisqu’il a lui-même investi dans cette entreprise.
Mais un
jour, il reçoit un coup de téléphone qui le surprend au plus haut point :
un restaurant sur la côte Ouest passe commande de huit machines, un record
absolu pour une époque ou tout au plus il en vendait une ou deux par
restaurant. Intrigué, il décide d’aller voir de quoi il en retournait.
Il se
trouve confronté au tout premier McDonalds, un stand qui vend uniquement des
hamburgers, du soda et des milkshakes. Grâce à un procédé ingénieux et
millimétré, les commandes sont préparées à l’avance et prêtes en quelques
minutes à peine, l’ambiance y est chaleureuse et bon enfant, et le restaurant
ne désemplit pas. Bref, c’est un succès retentissant et Ray n’en revient pas.
Il
rencontre alors les deux frères à l’origine du concept : Mac et Dick
McDonald. Ces deux frères lui racontent leur histoire, leurs difficultés, et le
cheminement de leur idée. Absolument emballé par le projet, Ray leur propose de
franchiser leur restaurant. Mais les frères refusent : ils ont déjà
essayé, et ce fut un échec retentissant : normes d’hygiène non respectées,
menus fantaisistes, etc… Ray se heurte à un mur.
Pourtant,
il insiste. Pour lui, c’est l’invention du siècle en termes de restauration,
c’est le futur, le progrès, la cerise sur le gâteau, le caviar. Il refuse
catégoriquement de passer à côté d’une opportunité pareille. A force
d’insistance, il finit par décrocher un contrat avec les deux frères. Contrat
très restrictif : il ne retire que 1.9% de Chiffre d’Affaires des franchisés,
dont 0.5% sont reversés aux frères McDonald. De plus, les frères doivent
valider la totalité des plans et des potentiels changements sur les restaurants
pour qu’ils puissent contrôler que tout soit à la hauteur.
Mais peu
importe ces restrictions, plongés dans le bouillon de la frénésie
entrepreneuriale, Ray ouvre son premier McDonald’s (hypothéquant sa maison pour
cela) et démarche ses premiers franchisés. Le succès semble être à sa porte.
VIVE LE DIABETE!! VIVE LE CHOLESTEROL!!! |
Mais en
fait pas tellement, car ses premiers franchisés s’en fichent comme de leur
premier hamburger et ne respectent que peu voire pas les exigences de qualité
de McDonald’s. Furieux, il change de stratégie et décide de recruter ses
franchisés parmi « la plèbe ». Bref, il cherche des gens, des couples
modestes ayant un peu d’économies pour pouvoir se payer la franchise et prêts à
travailler d’arrache pied pour faire marcher le business, avec les récompenses
financières à la clef.
Et grand
bien lui en prit, car la sauce prend ! McDonald’s explose et se répand un
peu partout dans la côte Est. Mais lui-même, Ray Kroc, ne s’en sort pas
financièrement. En effet, il ne parvient pas à rembourser son emprunt et
l’hypothèque de sa maison avec sa part. Il cherche donc un moyen d’augmenter
ses revenus, mais se heurte aux « non » catégoriques des frères qui
refusent tout changement à leur concept de base. Les carottes sont cuites, il
semble sur le point de se retrouver à la rue.
Jusqu’à
ce qu’il rencontre Harry Sonneborn, qui lui donne le conseil du siècle :
racheter les terrains sur lesquels sont construits les McDonald’s. Il pourra
ainsi s’assurer un contrôle total sur les restaurants, tout en assurant une
source de revenu stable et conséquente. Il peut ainsi rafler la plus grosse
part du gâteau, sans contrevenir directement au contrat. Il se retrouve même
avec l’ascendant sur les frères McDonald, puisqu’il finit par racheter leur
terrain.
La suite
est connue : fort de ces capitaux démentiels, la croissance du groupe est
exponentielle et bientôt on trouve un McDonald’s dans chaque ville, de la côte
Est à la côte Ouest. Ray Kroc finit par racheter le nom de McDonald’s aux
frères, pour la somme de 2.7 millions de dollars, et l’accord tacite de leur
reverser 1% des revenus de la société tous les ans. Ce qu’il ne fera d’ailleurs
jamais, cette clause ne faisant pas partie du contrat de rachat. Il se fait
dorénavant appelé le Fondateur de McDonald’s. Le film se termine sur une courte
interview archive du véritable Ray Kroc, et sur quelques informations
concernant la vie de plusieurs personnages.
Mais alors, quoiqu’il faut
retenir de ce flim ?
On va
commencer par le contenu en lui-même : le film est très riche. D’un point
de vue mise en scène, je l’ai trouvé assez classique et très peu de plans sont
particulièrement novateurs. C’est cependant très efficace et très immersif, et
c’est tout ce qu’on lui demande. D’un point de vue scénario, le film est très
riche : on se prend très vite à suivre avec attention la montée en
puissance de l’empire du Fast Food, mais on s’intéresse aussi à Ray Kroc, à son
histoire personnelle, et aux différentes relations parfois ambigües avec les
personnages.
En
fait, Micheal Keaton a tendance à porter le film à lui tout seul et nous livre
une performance d’acteur que j’ai trouvé remarquable, d’autant qu’il est bien
aidé par son personnage tout en nuance, qui passe de l’éternel enthousiaste
cherchant à enrichir les gens autour de lui tout en promouvant les efforts et
le travail des autres, à l’homme froid et cruel dévoré par son ambition et
abandonnant toute morale. On se laisse très facilement emporter par sa gouaille,
par son énergie débordante.
Et
c’est d’ailleurs ce qui me pose problème lorsque je veux interpréter le message
de ce film. En effet, le sujet McDonald’s a tendance à susciter beaucoup
d’émotions, que ce soit dans le négatif et le positif. Je m’attendais à voir un
film relativement orienté dans un sens ou dans l’autre, mais en fait… Bah pas
vraiment. Ray Kroc n’est jamais montré comme un homme tout noir ou tout blanc,
et le seul vrai défaut qu’on peut lui reprocher selon moi, c’est le fait qu’il
soit totalement consumé par son ambition et sa volonté de succès. Je m’explique
parce qu’il fait quand même de sacré coups de pute aux frangins McDonald.
Dans
ce que je retire du film, je constate plutôt deux choses : la première,
c’est que le réalisateur considère les affaires comme purement amorales.
L’objectif premier d’une société, c’est de grandir et de gagner de l’argent. Ni
plus ni moins. Et toute tentative de faire autrement qui ne soit pas dictée par
une loi, et une idiotie, une erreur stratégique. Par exemple, lorsque les
frères McDonald refusent en bloc tout changement qui pourrait leur faire gagner
plus d’argent, à eux et à leurs franchisés, sans que cela impacte la qualité de
la nourriture, c’est une erreur stratégique. Attention cependant, cela ne signifie
pas pour autant qu’il faut être un enculé. Les affaires sont amorales, et non
immorales.
Grosse ambiance. |
On
est cependant tout de même confronté à une fils-de-puterie assez caractérisée
lorsque Kroc rachète le terrain des frères McDonald pour pouvoir leur imposer ce
qu’il veut et gagner l’ascendant sur eux en dépit des termes de leur contrat
initial. Pourtant, cette fils-de-puterie est indirectement causée par les
frères McDonald (si on suit rigoureusement le déroulement du film). Car Kroc
est poussé dans ce retranchement à cause de leur refus catégorique d’augmenter
leur part de prélèvement sur le CA des franchisés. Augmenter cette part aurait
permis d’éviter cette tentative sournoise. Et ultimement aurait permis d’éviter
que Kroc devienne à ce point plus puissant qu’eux qu’il soit en mesure de
racheter leur nom, puisque leur puissance économique aurait grandi en même
temps qu’eux.
Et
finalement, face à ce film, on se retrouve confronté au fait que l’empire
McDonald’s ne s’est pas monté sur la persévérance, le travail acharné, ou même
sur une arnaque odieuse. Il s’est construit sur le choc entre deux égos :
celui de Ray Kroc et celui de Dick McDonald. En effet, les deux hommes sont
restés campés sur leurs positions, leurs ambitions, leur fierté en toutes
circonstances. Il eut suffit que l’un des deux fasse un compromis pour que le
destin de l’entreprise soit très différent. Par exemple, si cette fameuse part
avait augmentée et que Kroc avait pu rembourser son prêt comme ça, sans doute
n’aurait-il jamais essayé d’outrepasser le contrat, puisqu’il n’aurait sans
doute jamais rencontré Sonneborn en allant négocier à la banque. Mais sans
doute l’empire McDonald’s n’aurait pas connu l’essor qu’on lui connait
aujourd’hui. De façon générale, il me parait évident au visionnage du film que
si les deux hommes avaient pu travailler en meilleure intelligence, l’issue de
ce bras de fer entre eux eut été bien différent.
Bon
ça c’est la version suggérée par le film, on peut allégrement remettre en doute
le fait que Kroc n’aurait jamais tenté de racheter les terrains, et peut-être
que s’il n’avait jamais rencontré Sonneborn par hasard, ce dernier serait allé
le chercher directement. Peut-être que Kroc, totalement dévoré par son
ambition, aurait trouvé un autre moyen de passer outre l’aval des frères pour
pouvoir gagner encore plus d’argent. Mais bon, avec des « si », on
fait des planches et met Paris dans un hamburger, aussi ne saurons-nous jamais
le fin mot de cette histoire. Moi je retiens surtout que les vrais créateurs de
McDonald’s se sont fait prendre jusqu’à leur nom, ce qui en soit est tout de
même assez triste. Même si on peut largement affirmer que c’est partiellement
de leur faute.
En
tout cas je vous conseille d’aller voir ce film dès que possible, car en plus
de cette histoire parfois sordide mais toujours passionnante, il fait aussi
l’apologie de la persévérance, de l’opiniâtreté et de la patience, un leitmotiv
qui fait du bien et redonne parfois courage en nos projets personnels, nous
rappelant qu’avant de réussir, tous ont échoué.