jeudi 12 janvier 2017

Le Fondateur


Je me demande de quoi parle ce film...
Ce code couleur m'est totalement inconnu!


Bonjour à tous chers lecteurs ! Aujourd’hui je vais rusher autant que possible cet intro car nous allons parler d’un bon film, dont j’ai un certain nombre de choses à dire. Sans transition, nous allons parler du film Le fondateur, réalisé John Lee Hancock – qui a quand même réalisé Dans l’ombre de Mary, film sur Walt Disney, mais aussi Bad Boys II – avec en rôle star l’exceptionnel Michael Keaton, et en second rôle remarqué Nick Offerman – qui restera pour moi à jamais Ron Swanson, un des personnages les plus iconiques de la série Parks and Recreation, que TOUT LE MONDE devrait avoir vue.
Autant vous dire que ce film part sous les meilleurs auspices et que j’avais un peu hâte de voir ce que ça allait donner, d’autant que son sujet est assez controversé, vous allez vite vous en rendre compte.

De quoi que ça parle-t-il donc ?
Le film nous raconte l’histoire de Ray Kroc, un nom que vous avez peut-être déjà entendu, puisqu’il s’agit de celui que l’on connait comme le fondateur de l’empire McDonald’s. Nous commençons par le découvrir en tant que vendeur itinérant pour une marque qui vend des machines à Milk Shake pour des Dinners américain, sur la côte Est. Les affaires ne marchent pas tellement, ce qui le contrarie beaucoup puisqu’il a lui-même investi dans cette entreprise.
Mais un jour, il reçoit un coup de téléphone qui le surprend au plus haut point : un restaurant sur la côte Ouest passe commande de huit machines, un record absolu pour une époque ou tout au plus il en vendait une ou deux par restaurant. Intrigué, il décide d’aller voir de quoi il en retournait.
Il se trouve confronté au tout premier McDonalds, un stand qui vend uniquement des hamburgers, du soda et des milkshakes. Grâce à un procédé ingénieux et millimétré, les commandes sont préparées à l’avance et prêtes en quelques minutes à peine, l’ambiance y est chaleureuse et bon enfant, et le restaurant ne désemplit pas. Bref, c’est un succès retentissant et Ray n’en revient pas.
Il rencontre alors les deux frères à l’origine du concept : Mac et Dick McDonald. Ces deux frères lui racontent leur histoire, leurs difficultés, et le cheminement de leur idée. Absolument emballé par le projet, Ray leur propose de franchiser leur restaurant. Mais les frères refusent : ils ont déjà essayé, et ce fut un échec retentissant : normes d’hygiène non respectées, menus fantaisistes, etc… Ray se heurte à un mur.
Pourtant, il insiste. Pour lui, c’est l’invention du siècle en termes de restauration, c’est le futur, le progrès, la cerise sur le gâteau, le caviar. Il refuse catégoriquement de passer à côté d’une opportunité pareille. A force d’insistance, il finit par décrocher un contrat avec les deux frères. Contrat très restrictif : il ne retire que 1.9% de Chiffre d’Affaires des franchisés, dont 0.5% sont reversés aux frères McDonald. De plus, les frères doivent valider la totalité des plans et des potentiels changements sur les restaurants pour qu’ils puissent contrôler que tout soit à la hauteur.
Mais peu importe ces restrictions, plongés dans le bouillon de la frénésie entrepreneuriale, Ray ouvre son premier McDonald’s (hypothéquant sa maison pour cela) et démarche ses premiers franchisés. Le succès semble être à sa porte.
VIVE LE DIABETE!!
VIVE LE CHOLESTEROL!!!
Mais en fait pas tellement, car ses premiers franchisés s’en fichent comme de leur premier hamburger et ne respectent que peu voire pas les exigences de qualité de McDonald’s. Furieux, il change de stratégie et décide de recruter ses franchisés parmi « la plèbe ». Bref, il cherche des gens, des couples modestes ayant un peu d’économies pour pouvoir se payer la franchise et prêts à travailler d’arrache pied pour faire marcher le business, avec les récompenses financières à la clef.
Et grand bien lui en prit, car la sauce prend ! McDonald’s explose et se répand un peu partout dans la côte Est. Mais lui-même, Ray Kroc, ne s’en sort pas financièrement. En effet, il ne parvient pas à rembourser son emprunt et l’hypothèque de sa maison avec sa part. Il cherche donc un moyen d’augmenter ses revenus, mais se heurte aux « non » catégoriques des frères qui refusent tout changement à leur concept de base. Les carottes sont cuites, il semble sur le point de se retrouver à la rue.
Jusqu’à ce qu’il rencontre Harry Sonneborn, qui lui donne le conseil du siècle : racheter les terrains sur lesquels sont construits les McDonald’s. Il pourra ainsi s’assurer un contrôle total sur les restaurants, tout en assurant une source de revenu stable et conséquente. Il peut ainsi rafler la plus grosse part du gâteau, sans contrevenir directement au contrat. Il se retrouve même avec l’ascendant sur les frères McDonald, puisqu’il finit par racheter leur terrain.
La suite est connue : fort de ces capitaux démentiels, la croissance du groupe est exponentielle et bientôt on trouve un McDonald’s dans chaque ville, de la côte Est à la côte Ouest. Ray Kroc finit par racheter le nom de McDonald’s aux frères, pour la somme de 2.7 millions de dollars, et l’accord tacite de leur reverser 1% des revenus de la société tous les ans. Ce qu’il ne fera d’ailleurs jamais, cette clause ne faisant pas partie du contrat de rachat. Il se fait dorénavant appelé le Fondateur de McDonald’s. Le film se termine sur une courte interview archive du véritable Ray Kroc, et sur quelques informations concernant la vie de plusieurs personnages.
Mais alors, quoiqu’il faut retenir de ce flim ?
On va commencer par le contenu en lui-même : le film est très riche. D’un point de vue mise en scène, je l’ai trouvé assez classique et très peu de plans sont particulièrement novateurs. C’est cependant très efficace et très immersif, et c’est tout ce qu’on lui demande. D’un point de vue scénario, le film est très riche : on se prend très vite à suivre avec attention la montée en puissance de l’empire du Fast Food, mais on s’intéresse aussi à Ray Kroc, à son histoire personnelle, et aux différentes relations parfois ambigües avec les personnages.   
                En fait, Micheal Keaton a tendance à porter le film à lui tout seul et nous livre une performance d’acteur que j’ai trouvé remarquable, d’autant qu’il est bien aidé par son personnage tout en nuance, qui passe de l’éternel enthousiaste cherchant à enrichir les gens autour de lui tout en promouvant les efforts et le travail des autres, à l’homme froid et cruel dévoré par son ambition et abandonnant toute morale. On se laisse très facilement emporter par sa gouaille, par son énergie débordante.
                Et c’est d’ailleurs ce qui me pose problème lorsque je veux interpréter le message de ce film. En effet, le sujet McDonald’s a tendance à susciter beaucoup d’émotions, que ce soit dans le négatif et le positif. Je m’attendais à voir un film relativement orienté dans un sens ou dans l’autre, mais en fait… Bah pas vraiment. Ray Kroc n’est jamais montré comme un homme tout noir ou tout blanc, et le seul vrai défaut qu’on peut lui reprocher selon moi, c’est le fait qu’il soit totalement consumé par son ambition et sa volonté de succès. Je m’explique parce qu’il fait quand même de sacré coups de pute aux frangins McDonald.
                Dans ce que je retire du film, je constate plutôt deux choses : la première, c’est que le réalisateur considère les affaires comme purement amorales. L’objectif premier d’une société, c’est de grandir et de gagner de l’argent. Ni plus ni moins. Et toute tentative de faire autrement qui ne soit pas dictée par une loi, et une idiotie, une erreur stratégique. Par exemple, lorsque les frères McDonald refusent en bloc tout changement qui pourrait leur faire gagner plus d’argent, à eux et à leurs franchisés, sans que cela impacte la qualité de la nourriture, c’est une erreur stratégique. Attention cependant, cela ne signifie pas pour autant qu’il faut être un enculé. Les affaires sont amorales, et non immorales.
Grosse ambiance.
                On est cependant tout de même confronté à une fils-de-puterie assez caractérisée lorsque Kroc rachète le terrain des frères McDonald pour pouvoir leur imposer ce qu’il veut et gagner l’ascendant sur eux en dépit des termes de leur contrat initial. Pourtant, cette fils-de-puterie est indirectement causée par les frères McDonald (si on suit rigoureusement le déroulement du film). Car Kroc est poussé dans ce retranchement à cause de leur refus catégorique d’augmenter leur part de prélèvement sur le CA des franchisés. Augmenter cette part aurait permis d’éviter cette tentative sournoise. Et ultimement aurait permis d’éviter que Kroc devienne à ce point plus puissant qu’eux qu’il soit en mesure de racheter leur nom, puisque leur puissance économique aurait grandi en même temps qu’eux.
                Et finalement, face à ce film, on se retrouve confronté au fait que l’empire McDonald’s ne s’est pas monté sur la persévérance, le travail acharné, ou même sur une arnaque odieuse. Il s’est construit sur le choc entre deux égos : celui de Ray Kroc et celui de Dick McDonald. En effet, les deux hommes sont restés campés sur leurs positions, leurs ambitions, leur fierté en toutes circonstances. Il eut suffit que l’un des deux fasse un compromis pour que le destin de l’entreprise soit très différent. Par exemple, si cette fameuse part avait augmentée et que Kroc avait pu rembourser son prêt comme ça, sans doute n’aurait-il jamais essayé d’outrepasser le contrat, puisqu’il n’aurait sans doute jamais rencontré Sonneborn en allant négocier à la banque. Mais sans doute l’empire McDonald’s n’aurait pas connu l’essor qu’on lui connait aujourd’hui. De façon générale, il me parait évident au visionnage du film que si les deux hommes avaient pu travailler en meilleure intelligence, l’issue de ce bras de fer entre eux eut été bien différent.
                Bon ça c’est la version suggérée par le film, on peut allégrement remettre en doute le fait que Kroc n’aurait jamais tenté de racheter les terrains, et peut-être que s’il n’avait jamais rencontré Sonneborn par hasard, ce dernier serait allé le chercher directement. Peut-être que Kroc, totalement dévoré par son ambition, aurait trouvé un autre moyen de passer outre l’aval des frères pour pouvoir gagner encore plus d’argent. Mais bon, avec des « si », on fait des planches et met Paris dans un hamburger, aussi ne saurons-nous jamais le fin mot de cette histoire. Moi je retiens surtout que les vrais créateurs de McDonald’s se sont fait prendre jusqu’à leur nom, ce qui en soit est tout de même assez triste. Même si on peut largement affirmer que c’est partiellement de leur faute.
                En tout cas je vous conseille d’aller voir ce film dès que possible, car en plus de cette histoire parfois sordide mais toujours passionnante, il fait aussi l’apologie de la persévérance, de l’opiniâtreté et de la patience, un leitmotiv qui fait du bien et redonne parfois courage en nos projets personnels, nous rappelant qu’avant de réussir, tous ont échoué.

samedi 7 janvier 2017

Assassin's Creed



Une bonne et heureuse année à tous ! Que 2017 regorge pour vous de rebondissements scénaristiques, de plans de caméras soignés, d’effets spéciaux ébouriffants et de jeux d’acteurs à couper le souffle. Bref, que 2017 soit plus proche pour vous d’un Interstellar que d’un Elle !
Et je me rends compte que je vous ai souhaité de finir bloqué dans une faille temporelle faisant mourir presque tous vos proches plutôt que d’être violé, aussi allons nous directement passer à la suite avant que je ne m’enfonce plus avant dans les gaffes rocambolesques. De quoi allons-nous parler aujourd’hui ? Probablement un peu de cinéma, peut-être un chouïa de morale, mais surtout beaucoup d’objectivité.
Surtout ne pas regarder en bas...
Car mes très chers lecteurs, nous allons parler du film Assassin’s Creed, réalisé par Justin Kurzel – un homme que je déteste pour avoir massacré le chef d’œuvre de Shakespeare qu’est Macbeth dans un horrible film avec les deux acteurs qui vont suivre –, Michael Fassbender – un homme que j’aime bien pour Magnéto, mais beaucoup moins pour Macbeth justement –, et enfin notre Marion Cotillard nationale – une actrice qui m’insupporte dès qu’elle ouvre la bouche.  Vous le sentez que ça va être laborieux ou pas ?

De quoi que ça parle-t-il donc ?
Le film s’ouvre sur l’intronisation de l’assassin Aguilar, qui se coupe un doigt pour montrer qu’il est dévoué à la cause, le Crédo, comme ils disent si bien. On nous file au passage un petit aperçu de l’opposition entre assassins et templiers : les premiers veulent assurer la liberté et le libre arbitre de la race humaine, quitte à causer des bains de sang pour y arriver ; les seconds veulent la paix à tout prix, et si ma foi pour cela il faut que toute l’humanité passe sous leur contrôle éclairé, c’est fâcheux, mais c’est comme ça ! En gros, d’un côté des libéraux un peu brutaux, de l’autre des dictateurs en puissance, mais pour le bien de tous, évidemment.
Pour ceux qui connaissent la série de jeux vidéo, vous savez que cette lutte entre les deux idéologies dure depuis des siècles, et elle n’est pas près de finir. En effet, nous retrouvons très vite le jeune Calum Lynch, d’une dizaine d’année environ, qui se retrouve face à son père qui vient de tuer sa mère, et qui lui conseille de courir, car des mecs en voiture viennent le chercher. Je pense qu’arrivés à ce stade là vous avez compris qu’il s’agit de templiers. Et au cas où, on vous met quand même une petite croix qui pend à un rétroviseur pour pas que vous ayez de doutes. Il est sympa ce Justin Kurzel quand même !
Mais tout cela n’a servi à rien, car Calum se fait finalement emprisonner et exécuté pour meurtre plusieurs dizaines d’années plus tard – 20 ? 30 ? Franchement je sais plus et on s’en fout. Arrivé à ce stade on ne sait pas grand-chose de lui, hormis qu’il dessine des choses assez étranges, signes évidents d’une parfaite santé mentale. Mais bon, au pire, ces dessins n’auront plus aucune incidence sur le film, donc ça aussi, on s’en fout, on passe à la suite.
Car oui, Calum n’est pas mort – en même temps, après à peine quinze minutes de film, ce serait rudement fâcheux – et se réveille dans les bâtiments de la société Abstergo, à Madrid.  Une société qui roule de façon totalement assumée pour les templiers et qui cherche la localisation de la Pomme d’Eden, une relique censée contenir le code génétique du libre arbitre. En gros, c’est un peu flou mais l’idée est que si les templiers ont cette pomme, ils pourront supprimer le libre arbitre. « Mais comment ? » me demanderez-vous avec, ma foi, beaucoup de jugeote, quoiqu’un peu d’agressivité.
Chérie, c'est pas ce que tu crois!
Bah j’en sais rien. J’ai pas compris. Par contre ce que j’ai compris c’est qu’ils font ça pour supprimer la violence, et ça c’est quand même un peu cool. Sauf que pour faire cela, ils ont besoin de Calum. En effet, pour trouver la Pomme sus-nomée, ils utilisent une machine, l’Animus, qui permet de voyager dans la mémoire des ancêtres de chacun. Et il s’avère que l’ancêtre de Calum, Aguilar – le gars du début du film – est le dernier à avoir eu le fruit en main. Donc, devinez qui c’est qui va devoir coopérer gentiment ?
Bref, je m’arrête là pour le synopsis du film, on n’est pas non plus sur le scénario du siècle. Si vous avez joué à un Assassin’s Creed, je pense que vous allez vite deviner ce qu’il va se passer.
Mais alors, quoiqu’il faut retenir de ce flim ?
                Bon, alors, une première chose concernant l’histoire : certes, on est très loin d’un scénario plein de rebondissements, et le personnage de Calum est quelque peu cliché. Retenez qu’il est résolument et obstinément opposé à ce que les assassins l’emportent, sauf à la fin, par un revirement de situation assez brusque, mais un poil téléphoné.
                Concernant le rapport avec le jeu, en revanche, j’avoue ne pas avoir été déçu. La réalisation est impeccable, on retrouve les codes principaux de la franchise avec l’opposition entre les deux camps millénaires, le respect du Crédo des assassins et celui des templiers, mais aussi l’esthétique générale, qui fait vraiment plaisir à voir. Les scènes d’actions sont vraiment impressionnantes, et les courses poursuites endiablées et toujours surprenantes. Les combats sont soigneusement chorégraphiés, les acteurs jouent plutôt justes, sans en faire trop. Bref, on a tout de même un beau spectacle.
                Là où le bât blesse, c’est dans le reste. Je trouve l’intrigue pauvre et franchement attendue, sauf pour certains rebondissements qui ressemblent plus à des facilités de scénarios qu’à de véritables nœuds logiques. Genre il fallait qu’il se passe un truc, alors il se passe, et puis c’est tout. T’as pas vraiment plus d’explications que ça. Les personnages sont d’ailleurs assez caricaturaux, et tous franchement obsessionnels. Bref, ils manquent cruellement de personnalité, à part peut-être Calum, dont la rage refoulée a tendance à devenir un peu attachante. Ce n’est pas le cas du reste.
J'adore dessiner sur les tabourets au lieu des tables.
                Gros changement ici par rapport aux jeux : tous les jeux contiennent une partie dans le monde moderne, où on suit un personnage qui va aller et venir dans l’animus – personnage qui change à chaque opus récent du jeu. Mais dans tous les cas, ce personnage est plus un prétexte pour nous faire incarner un assassin dans une époque précise. Bon, bah ici, clairement, Aguilar, on s’en branle. On sait à peine qui c’est, on ne sait presque rien de sa vie, et tout ce qu’on le voit faire, c’est se bastonner. Les parties en Espagne, c’est du détail, c’est pour le spectacle.
                Bon, vous l’aurez compris, c’est clairement pas le film de l’année et l’histoire est bourrée de faiblesse à côté desquelles on ne peut juste pas passer. Par exemple : pourquoi est-ce qu’aucun garde du centre Abstergo ne possède d’armes à feu ? Pourquoi est-ce qu’un saut de la foi casse l’Animus ?  Pourquoi est-ce que d’un coup, alors qu’il a été déconnecté de l’Animus, Calum se met à voir plein d’ancêtres à lui – voire pas du tout des ancêtres d’ailleurs, parce que j’ai cru reconnaître Ezzio Auditore dans le tas? Autant de questions qui resteront sans réponses.
                Je note tout de même un point intéressant : je n’ai pas eu l’impression que les templiers ou les assassins  soient vraiment montrés comme des gentils ou des méchants. En fait, pour une fois, j’ai trouvé une certaine neutralité dans le propos. Si on y regarde de plus près, les deux camps sont quand même peuplés d’enfoirés prêts à tout pour faire prévaloir leur vision. Et le film ne prend parti pour aucun : il n’essaiera pas de nous dire que notre salut repose sur l’abandon de notre libre arbitre. Mais d’un autre coté, quand on voit ce que les assassins sont prêts à faire pour lui, je ne suis pas sur qu’il soit si bien que ça, ce fameux libre arbitre. Bref, je le trouve assez neutre et plutôt dénué de manichéisme, même si l’antipathie de certains templiers pourrait suggérer le contraire. Nonobstant, j’ai tout de même plus eu l’impression d’assister à une lutte idéologique plutôt qu’à une lutte entre le bien et le mal, et c’est plutôt cool.
                En revanche, ce film m’a fait me questionner sur moi-même. En effet, je vous le répète depuis le début, on n’est pas devant un chef d’œuvre. Dans la catégorie des films récents, Premier contact, Star Wars : Rogue One ou même Vaiana  sont nettement meilleurs. Pourtant, entre ces quatre films, j’ai clairement plus, mais alors de loin, pris mon pied sur Assassin’s Creed. Et crénom, je me demande bien pourquoi ! Donc je me suis mis à questionner mon objectivité et j’ai cherché à savoir pourquoi nous avons tous des petits plaisirs coupables comme celui-ci.
                Littéralement, l’objectivité c’est la qualité de ce qui est conforme à la réalité, d'un jugement qui décrit les faits avec exactitude. Vous notez, des « faits », avec « exactitude ». Mais on note aussi l’idée d’un « jugement ». Or, le jugement, cela peut se rapprocher à un référentiel fixe, comme dans le cadre d’une loi, mais cela peut aussi se rapprocher d’un référentiel plus fluctuant comme lors de la constitution d’une opinion sur quelqu’un ou sur un sujet. Bref, il peut y avoir une certaine part de subjectivité dans le jugement. Et comme il y a une certaine part de jugement dans l’objectivité, il peut donc y avoir une certaine part de subjectivité dans l’objectivité. MINDFUCKED.
                Du coup, il faudrait qu’on juge un film en partant d’un référentiel fixe : images, scénario, jeu d’acteur, etc… C’est globalement ce à quoi je m’emploie dans ces chroniques. Il faut cependant que je me rende à l’évidence : cette méthode n’est en aucun cas suffisante, car en dépit de tous les éléments concrets que nous pouvons trouver pour justifier nos goûts, il nous restera toujours quelques plaisirs coupables. Par exemple, une de mes plus proches amies est férue de littérature, d’arts, lit énormément, est féministe, et de manière générale, prône la culture et la connaissance. Pourtant, elle regarde avec avidité les émissions de télépoubelle type « Tellement vrai ». Et si encore c’était la seule, mais nous avons tous des petits plaisirs honteux qui nous procurent une joie sans nom et sans logique. Bien que toutes les raisons soient réunies pour que nous détestions ces mêmes plaisirs coupables. Mais alors, pourquoi diable ai-je aimé ce film si je reconnais qu’il a beaucoup de défauts ? Et de façon générale, pourquoi donc aimons-nous certaines choses qui sont clairement de mauvaise qualité ?
T'inquiète pas, ça va juste faire un peu mal au début
                Je ne suis pas certain de savoir répondre à cette question. Je me plais à imaginer que dans cette plaine parfois morne, parfois vallonnée qu’est notre vie, ces petits moments sont un peu comme un bosquet de myrtille sur notre route. Ouais, c’est vrai, peut-être qu’un renard atteint de la rage a pissé dessus, et du coup peut –être bien que ces quelques baies vont nous tuer. Peut-être que ces fruits, que nous trouvons si délicieuses, vont nous refiler des maux de ventre terribles. Peut-être que ce petit bosquet est mauvais pour nous, pour notre existence, pour notre réflexion.
                Ou alors peut-être que ce petit bosquet est un petit oasis de fraicheur et de douceur. Peut-être que c’est simplement un petit plaisir innocent arraché à la longue route qu’est notre existence. Après tout, ces mûres font vibrer notre corde sensible. Elles nous rappellent ces randonnées entre amis, ou les tartes de notre grand-mère que nous dégustions étant plus jeunes. Ces fruits, d’apparence si anodine, ne sont-elles pas le repos bien mérité du guerrier ? Alors on s’abandonne l’espace d’un instant, on en prend plein les papilles ou plein les mirettes, et on se laisse bercer par leur force évocatrice, qui ne parle qu’à nous.
                Moi par exemple, les jeux Assassin’s Creed m’ont toujours procuré un grand sentiment de liberté et d’importance : une vaste région à explorer, des faits historiques qui se déroulent sous nos yeux et auxquels nous participons, des histoires qui se mêlent et se démêlent, des destinées parfois tragiques, mais toujours ce sentiment de liberté d’action. Et je n’ai certes pas retrouvé cela dans le film, puisque le héros lui-même est enfermé dans l’Animus, comme nous dans notre salle de cinéma, à le regarder sauter, glisser, courir, se battre. Mais l’évocation est là, le sentiment est présent. Je vois la silhouette encapuchonnée d’Aguilar, et je me rappelle le temps et le plaisir ressenti à jouer. Tout comme je me souviens des rires avec mes amis devant le Palmashow, tout comme je me souviens de mon enfance devant un Marvel.
                Et c’est pour ça que nous aimons tant ces petits moments de bonheur coupable : nous abandonnons l’espace de quelques instants nos responsabilités, on lâche tout, on se déconnecte pour s’offrir une bouffée d’oxygène dont nous avons cruellement besoin. Et cette bouffée d’oxygène, toute métaphorique qu’elle soit, va nous permettre d’alimenter nos muscles pour reprendre la route, chargés à bloc par cette petite pause qui nous a rappelé de bons souvenirs.
                Et finalement, ces petits moments d’insouciances, de souvenirs précieux et agréables, n’est-ce pas aussi ce que nous demandons à un film ?