mardi 20 décembre 2016

Premier Contact



Bonjour à tous ! Ou plutôt bonsoir, car me connaissant, je publie sans doute cette chronique vers 20h, pendant que vous mangez. Et bien bon appétit ! Profitez-en car ce soir, je vais vous régaler avec un petit film récent qu’il est vraiment bien. Un bon film de science fiction comme je les aime. Car oui, mes chers lecteurs, nous allons parler de Premier Contact, réalisé par Denis Villeneuve, avec dans les rôles principaux Amy Adams, Jeremy Renner et Forest Whitaker.

De quoi que ça parle-t-il donc ?
Les suppositoires, c'est plus ce que c'était...
Notre héros dans cette histoire sera le Docteur Louise Banks, expert en linguistique sous toutes ses formes. Nous en savons somme toute assez peu sur elle, mais le film ne nous laisse pas croire que sa vie est exceptionnelle : de la grisaille, de la solitude, c’est tout ce qu’il nous montre. Giga teuf donc. Mais heureusement (car sinon il n’y aurait pas de films) cela ne va pas durer, car un jour, sans aucune explication, 12 objets volants non identifiés, en forme de galet noir un peu étrange, apparaissent dans les espaces aériens de plusieurs pays. Personne n’en sort, et les gouvernements en restreignent très vite l’accès au public.
        Bref, plus personne n’a plus aucune info sur ces vaisseaux manifestement extra-terrestres. Exceptée notre héroïne, qui va bien vite se retrouver missionnée en tant qu’experte linguistique pour tenter de comprendre ce que ces visiteurs veulent. Elle se retrouve ainsi, en compagnie de Ian Donnelly, éminent astro-physicien, à la tête d’une équipe de chercheurs chargée de percer le secret du langage de ces êtres venus d’ailleurs.
Et pour cela, elle doit les rencontrer. Une rencontre qui dépasse tout ce qu’elle a pu vivre. Imaginez-vous une grande salle rectangulaire de pierre noire, avec une paroi semblable à du verre en son centre, qui la coupe en deux. Une partie est occupée par l’équipe humaine, et l’autre est remplie d’une atmosphère brumeuse blanche dans laquelle évolue deux extra-terrestres, qui sont rapidement renommés heptapodes, à cause de leurs sept pattes.
        Il va maintenant falloir à Ian et Louise percer les secrets du langage des heptapodes afin de comprendre leurs intentions. Le travail sera difficile car leur langue écrite fonctionne à base de cercles complexes dont les reliefs expriment des idées, des mots, des processus. Pour rendre la tâche plus difficile, la panique s’empare du reste du monde : les émeutes se multiplient chez les populations effrayées, et la répression se fait du plus en plus dure. En parallèle, des extrémistes nationalistes prônent la guerre avec ses envahisseurs indésirables et recommandent à tous de prendre les armes (promis Marine Lepen n’apparaît pas dans ce film).
        Le temps est compté pour Ian et Louise, mais cette dernière va faire une découverte stupéfiante…
"Dit donc, c'est rudement épuré Ikéa maintenant!"
Dont je ne vous parlerai pas ! Car une fois n’est pas coutume, nous avons ici un film dont le retournement de situation de fin de film donne un tout autre sens à son histoire. Cela va même plus loin que ça, mais j’y reviendrai plus tard. 


Mais alors, quoiqu’il faut retenir de ce flim ?
                Je fais face ici, chers lecteurs, à un problème épineux. En effet, j’ai absolument adoré ce film, mais je l’ai adoré à cause du même retournement de situation dont je vous parle deux lignes au dessus. Sauf que je ne peux pas vous en parler sans vous spoiler, et cela vous gâcherait le film. Je vais donc essayer de partager avec vous les qualités de ce film, tout en omettant sa principale.
La première chose que j’ai envie de mettre en avant, c’est l’aspect science fiction conceptuelle qui est, pour une fois, bien exploitée. Ce que j’appelle l’aspect science fiction conceptuelle, c’est le fait que le film parte d’un principe spécifique et quasiment impossible dans la réalité, et déroule son histoire pour imaginer ce qu’il se passerait. De nombreux exemples pavent le paysage culturel de ces dernières décennies, notamment dans la littérature (je vous conseille Frank Herbert et Ian Banks, c’est de bonne facture).
Au cinéma, c’était un peu plus rare et pas forcément bien exploité pour des tas de raisons. Je pense notamment à Edge of Tomorrow, dont j’avais trouvé le concept excellent mais la fin trop édulcorée, probablement à cause de sa sortie estivale. Je pense aussi à In Time dont j’avais aussi adoré le concept de gens éternellement jeunes mais qui doivent gagner littéralement leur vie, en payant et en gagnant du temps. Malheureusement le scénario était assez bas de plafond et pas franchement novateur.
Heureusement, ici nous avons un vrai bon film, qui part d’un principe très simple mais qui s’avère très vite fouillé : si une race extra terrestre arrivait sur Terre, comment ferions-nous pour communiquer avec eux ? Et derrière ce concept se cache toute une réflexion sur le langage et la façon dont nous nous comprenons. Un exemple du film représente bien toute la subtilité du langage et de la communication que nous utilisons tous les jours : les humains veulent pouvoir poser la question « quel est votre but sur Terre ? » aux heptapodes. Cette simple question demande beaucoup de nuances : d’abord il faut s’assurer que les heptapodes comprennent le sens d’une question, et donc il faut trouver comment ils posent une question ; il faut s’assurer que leur espèce est suffisamment consciente pour qu’ils comprennent le sens du « but », donc que ce ne soit pas des êtres mués uniquement par l'instinct ; il faut s’assurer qu’ils aient suffisamment d’individualité pour saisir la différence entre le « vous » collectif et le « vous » personnel.
A tout cela s’ajoute la possibilité que leur langage soit à ce point différent du notre qu’ils ne saisissent pas le monde de la même façon que nous. Et cela s’applique indirectement dans notre façon de discuter avec les gens, de converser, d’échanger. Un autre exemple tiré du film permet de mettre en valeur ce potentiel fossé dans les modes de communication : là où les USA ont utilisé la langue écrite, les signes, les lettres pour communiquer avec les heptapodes, la Chine a utilisé le jeu du Mah Jong. Ce qui signifie que toute communication avec les extra-terrestres se fera dans le cadre d’une partie de jeu, désignant forcément un gagnant et un perdant à la fin. La communication ne peut être que compétitive, dans la confrontation. Et BAM! C'est comme ça qu'on prend conscience du barrage que peut représenter une langue par rapport à une autre, tout comme certaines tournures de phrases peuvent en dire long sur celui qui les utilise.
"Mais non putain, ma main est plus loin sur la gauche!"
Vous l’aurez compris, ce film appartient à la catégorie des films qui tentent de nous faire remettre en question notre vie, notre existence en la confrontant à un scénario fictif et impossible. Et par bonheur, le concept est très bien exploité puisqu’il n’hésite pas à faire intervenir des événements extérieurs et à nous faire sortir du microcosme de la base militaire. On nous rappelle régulièrement que les heptapodes sont plusieurs, dans 12 lieux différents, que les forces de 12 pays progressent chacun de leur côté, partageant ou non les informations. On nous rappelle aussi qu’au-delà de la base militaire et du spectateur qui sait de quoi il retourne, il y a une population effrayée qui ne sait pas à quoi s’attendre et qui croit que son monde peut disparaitre du jour au lendemain, sans prévenir. Mais le film reste subtil en nous faisant comprendre que ces réactions épidermiques sont finalement les seules réactions possibles chez des civils effrayés. Une réaction qui est montrée comme normale, et non comme idiote. J’ajouterai aussi que cette subtilité s’étend au fameux retournement de situation, qui est en vérité suggéré, distillé depuis les premiers moments.
Je vais faire une mention spéciale pour la mise en scène qui m’a vraiment marquée. Tout est très recherché, dans les plans larges qui mettent en avant l’immensité du vaisseau aux plans rapprochés pour suggérer la claustrophobie de son intérieur. La direction artistique est très symbolique avec des heptapodes baignés de lumière blanche tandis que les humains restent dans l’ombre. Sans cesse la musique et les plans de caméras jouent avec nos sensations, et des petits éléments viennent détourner notre attention pour que le film nous surprenne. C’est un très beau moment de cinéma. Par contre, je mettrai un très gros bémol à l’écriture des personnages, qui passe vraiment à la trappe. On ne sait somme toute pas grand-chose d’eux, on en parle très peu, et ils sont globalement assez clichés : la chercheuse en linguistique solitaire mais effrontée, le scientifique un peu rigolo et attachant mais qui comprend surtout les math, l’agent de la CIA qui voit tout le monde comme un ennemi et est perpétuellement en guerre dans sa tête… Seul le personnage de Forest Whitaker semble être plus nuancé car il se dispense d’être un militaire bourrin pour rester plus compréhensif, cherchant avant tout à comprendre ce qu’on lui propose plutôt que de tout rejeter en bloc.
Bref, les défauts du film sont somme toute mineurs, et de toute façon, dévoré par la curiosité de percer enfin le mystère des heptapodes, il est très facile de les oublier. Un film à aller voir rapidement car, même s’il prend un peu le spectateur pour un con en se permettant allégrement d’utiliser les codes du cinéma pour nous induire en erreur, il reste intelligent et magnifiquement bien construit. J’aimerais bien vous en dire plus, mais je suis obligé de m’arrêter sinon je vais tout vous spoiler. Retenez l'essentiel: ce film est excellent, et profitez des vacances de Noël pour aller le voir!

dimanche 18 décembre 2016

Interlude Littéraire - La Mondialisation Malheureuse - Partie 4: Fraude fiscale et revenu de base



 Bonsoir à tous! 
Je vous retrouve à nouveau pour ma quatrième et dernière partie de l'interlude littéraire sur La Mondialisation Malheureuse, et aujourd'hui nous allons aborder deux sujets épineux: la fraude fiscale et le revenu de base! Des sujets radicalement opposé en ce que le premier rassemble alors que le second divise.

La fraude fiscale et les trous noirs fiscaux
                On va partir d’une première chose que j’aime bien, c’est redonner des noms aux choses. Donc je ne vais pas parler d’optimisation fiscale, ce qui sous entendrait quelque chose de positif, mais de fraude fiscale. Pour les mêmes raisons, je ne vais pas parler de paradis fiscal, mais de trou noir fiscal. Rappelons que la fraude fiscale. Rappelons à toutes fins utiles que payer l’impôt est un devoir, et non une prison, au même titre que voter. C’est un acte civique élémentaire, la participation de chacun à la vie de tous. Un pays qui aide à fuir l’impôt, ce n’est pas un paradis : les conséquences sur le fisc mondial en sont désastreuses. D’autant que ce genre de pratique encourage la criminalité et facilite les activités mafieuses ou terroristes (car ces activités permettent le blanchiment d’argent). Autant dire que pour un paradis, on repassera.
                Les chiffres sont plus parlants. Environ 7600milliards de dollars sont actuellement détenus par des particuliers sur des comptes bancaires de trous noirs fiscaux. D’ailleurs, étonnamment, le problème touche plus les pays du Sud, dans lequel le manque à gagner fiscal sur la richesse totale du pays est 30% plus élevé que dans les pays du nord. De plus, cela a un impact politique extrêmement important. Par exemple, dans le cadre du krach de 2007, les politiques d’austérité ont été imposées en prenant comme justification le déficit trop élevé des Etats. En 20114, ce déficit était de 550 milliards de dollars pour tous les pays de l’UE. La même année, la fraude fiscale a fait sortir plus de 1100 milliards de dollars de profits imposables des pays de l’UE.
                De fait, si l’argent des déserteurs fiscaux subissait l’impôt au lieu de le fuir, on ferait chuter le déficit de tous les pays d’Europe. Pour la France, typiquement, le déficit s’élève à 72 milliards d’euros, pour une fraude fiscale comprise entre 60 et 80 milliards d’euros.
                Notez aussi que l’idée reçue comme quoi les entreprises profitent des trous noirs fiscaux car elles sont trop taxées est globalement fausse. Histoire de donner dans la métaphore, cela revient, grosso merdo, à dire que la bonne réaction face à un homme qui bat sa femme, c’est de dire à la femme d’être plus gentille avec l’homme. C’est tendax à défendre. D’autant que l’OCDE a estimé qu’il n’y avait aucune corrélation entre le niveau des taxes et la tendance des gens à payer honnêtement l’impôt. A titre d’exemple, les Pays-Bas sont un puissant trou noir fiscal pour les entreprises, mais sont pourtant classés 13ème pays d’origine de l’argent qui a fui l’impôt via des comptes Offshore dans le scandale SwissLeaks. Comme quoi…
                Pour lutter contre cette fraude fiscale, un certain nombre de choses devraient être faites. La première serait de gommer les inégalités de fiscalités dans les pays du monde, ou au moins de l’Europe pour commencer. Le G20 avait commencé à mener plusieurs politiques dans cette voie, mais s’est heurté à plusieurs problèmes structurels. Le premier était qu’en tant que « club de riches », cela revenait à imposer une politique à tous les pays du Sud. Couplé avec les quelques « passagers clandestins » comme le Luxembourg et les Pays Bas ou l’Irlande, qui continuent de pratiquer une fiscalité avantageuse, cela fait mauvais genre.
                Néanmoins des mesures plus ou moins drastiques pourraient être engagées. Augmenter le nombre de fonctionnaires du Trésor Public est par exemple une bonne piste, pour traquer ces fraudes fiscales. Une mesure qui est rigoureusement opposée aux politiques d’austérité malheureusement. De plus, beaucoup de montages financiers sont une application stricto censu de la loi, aussi serait-il intéressant dans ces cas là de développer dans le droit mondial une notion directement issue du droit fiscal français : l’abus de droit. En substance, ce recours estime que si vous combinez plusieurs dispositions juridiques d’une façon qui ne peut pas avoir d’autre finalité possible que de celle de payer moins d’impôt (exceptés les réductions d’impôts officielles, bien sur), alors vous pouvez tout de même être sanctionné pour abus de droit.
                On pourrait aussi faire comme les USA, qui taxent leurs citoyens partout dans le monde et pas uniquement sur leur sol. Il serait aussi possible de taxer les bénéfices des entreprises sur le territoire réel des activités, rendant inopérant la stratégie consistant à expédier ces bénéfices dans des trous noirs fiscaux pour les déclarer là bas. Il est aussi nécessaire de protéger les lanceurs d’alerte et de sanctionner les personnes au courant de manœuvres financières mais ne les dénonçant pas, des sanctions qui pourraient aller jusqu’à une nationalisation punitive par exemple. Enfin, une dernière mesure douce pourrait être de faire comme la Suède et d’appliquer le principe de transparence financière. En vertu de ce principe, tout habitant peut obtenir tout document de toute administration sur simple demande. Il devient donc extrêmement difficile de cacher de l’argent détourné. Sans aller jusque là, on pourrait adopter la règle de Julian Assange : « transparence pour le puissant, droit au secret pour l’homme ordinaire ». En gros, seuls les foyers et entreprises en dessous d’un certain niveau de richesse auraient droit au secret de leurs revenus, de leur patrimoine et de leurs transactions.

Revenu de base
                Un tout dernier paragraphe qui me tient à cœur puisqu’on va parler d’une idée intéressante : le revenue de base. Pour ceux qui ne connaissent pas le concept, il est simple : c’est un revenu, donc tout le monde y a droit dans le pays, sans exception. Aucune condition d’obtention, si ce n’est de vivre sur le territoire. Si vous avez d’autres revenus, comme un salaire, vous conservez tout de même ce revenu de base. Cela semble farfelu, mais c’est néanmoins défendu par plusiuers Prix Nobel d’économie comme Frieidrick Hayek (promoteur du libéralisme et prix nobel 1974), Maurice Allais (prix nobel 1983) ou James Tobin (prix nobel 1981). A l’heure actuelle, ce concept est notamment défendu par Philippe Van Parjis, professeur à Oxford, notamment dans son ouvrage Real Freedom for All (1995).
                Le revenu de base pourrait osciller entre 400€ et 2250€ par mois selon qui le propose, et pourrait être financé de plusieurs façons. Déjà, il remplacerait presque toutes les aides sociales que nous avons actuellement, redirigeant ce flux d’argent. Parce que cela ne suffit pas, plusieurs méthodes pourraient être employées. La première est celle de la « planche à billet », procédé utilisé en 2009 par le Royaume Uni pour renflouer les banques. L’idée serait donc d’utiliser le même procédé mais pour renflouer directement les consommateurs. Un deuxième procédé, plus classique, serait un simple impôt de redistribution des richesses (proposé notamment par le think tank irlandais Social Justice).
                Une troisième option pourrait être de financer le revenu de base via un bien commun possédé par l’Etat qui génère du profit. L’Alaska a par exemple mis cela en place sur sa rente pétrolière, et l’ambassadeur de l’ONU en Irak Sergio Vieira De Mello proposait de faire cela sur la rente pétrolière irakienne pour pacifier le pays. 
                Donc, en supposant logiquement que ce revenu de base remplacerait toutes les aides sociales, les bénéfices du revenu de base seraient les suivants :
-          La subsistance garantie pour tous, particulièrement nécessaire aux pauvres, aux jeunes artistes, aux associatifs et au jeunes qui démarrent (les rendant indépendants de leurs parents et enlevant cette charge financière sur ces derniers).
-          La disparition du problème de sous réclamation des aides sociales, puisqu’il ne serait pas nécessaire de constituer un dossier.
-          La disparition du problème de trop perçu des allocations (le fameux « ce mec gagne autant que moi alors qu’il ne fait rien et que moi je bosse »), puisque le revenu serait le même pour tous.
-          La fin des fraudes et des triches d’allocataires, vu que le revenu est inconditionnel
Dessin peut être un poil démago, mais l'idée est là!
-          Une grosse simplification du système d’aides sociales, vu qu’il n’y aurait plus de dossier à remplir, et donc plus de contrôles à effectuer.
En plus de cela, courir après l’argent deviendrait un choix et non plus une nécessité, et il est raisonnable de croire qu’une portion plus grande de la population se tournerait vers des activités gratuites à forte utilité sociale, comme du bénévolat, des activités artistiques. Il est cependant tout aussi raisonnable de croire qu’une portion supérieure de la population se tournerait vers l’oisiveté.
A cela je répondrais de deux façons. D’abord d’un point de vue purement personnel. Ayant déjà vécu 6 mois de recherche d’emploi, donc 6 mois sans revenus, sans activités précise, j’aime autant vous dire que je ne souhaite cela à personne. Et encore, moi je suis un gros geek, j’aurais pu passer mes journées complètes sur des jeux vidéos. Seulement au bout d’un mois à faire ça, j’en ai eu sacrément marre, à tel point que je me suis mis à chercher frénétiquement des trucs à faire pour m’occuper. J’ai aussi vu d’autres personnes passer uniquement deux ou trois mois au chômage et s’emmerder ferme beaucoup plus vite que moi. Donc j’ai un peu de mal à imaginer une vie ENTIERE dans l’oisiveté.
        Mais je conçois que c’est un point de vue strictement personnel, aussi on va aller voir du côté des pays/villes qui ont testé ce revenu de base, sous une forme ou une autre. L’Alaska a instauré ce revenu depuis 1976 au titre de l’Alaska Permanent Fund. Aucune baisse du taux d’activité n’a été mesurée (ce qui peut s’expliquer par la relative petitesse des sommes déversées, environ 1000€ par an). Au Canada, le programme Mincome a servi à tester le revenu de base de 1970 à 1974, et a aussi montré des résultats encourageants : aucune baisse brutale de l’activité mais une baisse significative de la délinquance et des hospitalisations.
        Le résultat le plus intéressant vient cependant d’un programme lancé en 2011 en Inde par le chercheur Guy Standing et l’entrepreneur sociale Renana Jhabvala, sous l’égide de l’Unicef. Ils ont testé le revenu de base suivant dans des villages ruraux indiens : 200 roupies par mois par adulte, 100 par enfant. Les conclusions rendues publiques en 2013 sont très encourageantes : elles mettent en avant un cercle vertueux.
        En gros, comme tout le monde percevait cet argent, l’intégration des classes sociales les plus discriminées (femmes, basses castes et handicapés) a mécaniquement augmenté. La pratique du travail forcé s’est effondré (puisque plus aucun intérêt à s’y soumettre). De manière générale, le revenue de base a surtout été dépensé pour améliorer les conditions de vie et d’hygiène des foyers, améliorant l’état de santé général. Et parce qu’ils étaient mieux alimentés et qu’il était possible de payer les transports, l’assiduité des enfants à l’école ainsi que leurs performances ont augmenté. Mais le revenu de base a aussi été utilisé pour produire mieux et plus, en pratiquant des micro-investissements en achetant des graines plus nombreuses, des machines à coudre, en réparant des équipements, et ainsi de suite. Donc, finalement, la production et les revenus ont augmenté. Contrairement à la crainte la plus répandue, au lieu de le faire diminuer, le revenu de base a fait augmenter le travail.
        Il reste cependant un gros effort mental à faire dans nos sociétés, notamment dans notre rapport à l’argent pour permettre cette avancée. Sachez cependant que la chose apparaît déjà dans plusieurs pays du monde. Le Koweït par exemple l’a expérimenté en 2012. La Finlande s’est engagée en 2015 à remplacer toutes ses aides sociales par un revenu de base, et débat actuellement sur la somme à distribuer. Singapour a mis en place en 2011 un dividende de croissance dont bénéficie environ 80% des adultes. La Namibie a testé le revenu de base entre 2008 et 2010 dans certains villages, enregistrant les mêmes avancées qu’en Inde. Et d’un point de vue purement personnel, je vous poserai une simple question : si demain vous pouviez gagner de l’argent sans rien faire, est-ce que vous passeriez réellement votre vie devant la télé sans bouger de votre canapé ? Je sais que moi j’en suis incapable, et je doute très fort d’être le seul. 



Voilà! Cet interlude littéraire est terminé, et je vous retrouve très bientôt pour une critique cinéma plus classique, mais qui sera aussi plus courte! 

mardi 13 décembre 2016

Interlude Littéraire : La Mondialisation Malheureuse - Partie 3: Agriculture et xénophobie



 Bonsoir à tous!

Me voici de retour pour la suite de l'interlude littéraire, et qui sera l'avant dernière partie avant de revenir à du cinéma (j'en profite pour rejoindre les salles obscures que j'avais un peu délaissées, et j'ai vu des trucs sympa). 

Un interlude un peu plus court aujourd'hui et avec un peu moins d'idées que précédemment, mais toujours des petites choses intéressantes à savoir!

Mieux gérer l’agriculture
                Beaucoup de gens pensent que nous sommes actuellement en surpopulation, idée véhiculée par plusieurs média. Et je vais peut-être vous surprendre, mais en fait… non. Dans les années 2000, Jean Ziegler, rapporteur spécial auprès de l’ONU sur le droit à l’alimentation estimait que l’état de l’agriculture à l’époque permettait de nourrir 12 milliards d’individus sans difficultés. Tout vient d’une (très) mauvaise répartition des terres agricoles et de la nourriture. Par exemple, sur la planète, on dénombre 750 millions de personnes souffrant de la faim, alors que 1 milliard de personnes sont suralimentés, dont 600 millions d’obèses. Il y a autant d’enfant de 5 ans chaque année qui meurent de faim que de personnes qui meurent d’obésité (3 millions par an dans les deux cas).
                On peut identifier plusieurs raisons. La première est la surconsommation des pays du Nord : un tiers de la nourriture mondiale est jetée chaque année. La consommation de viande est aussi un lourd vecteur de faim dans le monde (étonnamment) : en effet, d’après la FAO (Food & Agriculture Organisation), deux tiers des terres agricoles sont utilisées pour l’élevage, et l’élevage consomme plus de nourriture qu’il n’en produit.
                La situation d’exploitées des pays du Sud est aussi responsable de la situation : certains pays par exemple sont tellement endettés que tout le produit de leur agriculture est utilisé pour rembourser cette dette. C’est le cas de plusieurs pays d’Afrique producteur de cacao ou de café, denrées vendues aux pays du Nord mais non nourrissantes.
                En dernier grand responsable, nous avons aussi les spéculations boursières et financières sur les matières premières, qui entraînent une fluctuation déraisonnable et imprévisible pour le producteur du prix de ces produits. De façon générale, d’après la FAO, le prix de toutes les denrées alimentaires a augmenté depuis 2002. L’augmentation a été variable, comme le sucre qui a vu son prix exploser en 2006, puis redescendre, pour augmenter encore jusqu’en 2010 (voir l’indice des prix du sucre de la FAO sur leur site).
                Comment résoudre ces problèmes ? Là aussi, ce sont surtout les états qui vont pouvoir agir, notamment en supprimant purement et simplement la dette des pays du Sud afin de leur permettre de produire pour nourrir leur pays avant de produire pour la consommation des pays du Nord. Interdire les spéculations boursières sur les matières premières, comme l’avait fait Roosevelt aux USA après le krach de 29. Et de notre point de vue individuel, diminuer notre surconsommation, acheter principalement local, diminuer la consommation de viande (sans devenir végétarien pour autant). Des choses simples mais qui peuvent avoir un impact à grande échelle.

La xénophobie : une conséquence logique de la mondialisation
                On arrive à la partie dans laquelle on explique pourquoi Marine Lepen est en vogue en ce moment ! Résumons un peu ce que nous avons vu : les pays du Sud sont endettés, et la situation est difficile. Certains pays sont en guerre, il n’y a pas ou peu d’aides sociales, et les salaires sont de plus en plus bas car les entreprises, dans leur recherche logique de profit, privilégient avant tout les pays dans lesquels le code du travail est le plus souple, et l’imposition sur les capitaux la plus basse. Ainsi, ils maximisent leurs profits, mais dans le même temps diminue énormément les recettes du pays dans lequel ils se sont installés. Pire encore, dans le même temps, leur agriculture ne permet pas de nourrir leur population car elle est en grande partie consacrée à l’exportation de produits de consommation vers les pays du Nord.
Si une partie de la population s’accommode de ces conditions de vie parfois difficile, il est évident que ce n’est pas forcément possible pour tout le monde (notamment quand ton pays est dans un état de guerre tel qu’il n’y a même plus d’hôpitaux en état de fonctionnement dans ta ville). D’autant que dans le même temps, ces pays sont presque tous arrivés à un stade démographique d’augmentation de la population. Population qui augmente, guerre, famine, toutes les conditions sont réunies pour provoquer un fort exode vers les pays du Nord, qui eux consomment trop et voient leur population vieillir et diminuer.
                D’un autre côté, nous avons des pays riches qui voient les plus riches s’enrichirent pendant que les plus pauvres se retrouvent sans emploi, les entreprises étant plus rentables en délocalisant qu’en faisant travailler les locaux. Cet état de fait se transmet à de plus en plus de population, car les crises économiques provoquent la nationalisation des services publics et la disparition des postes de fonctionnaires. De plus en plus de personnes se trouvent en concurrence avec la main d’œuvre bon marché d’autres pays et ils voient, évidemment, d’un mauvais œil l’arrivée directement dans leur pays de travailleurs tout aussi bons marchés.
                On résume le combat : d’un coté des habitants de pays du Sud de plus en plus pauvre car la mondialisation les confronte à une impasse socio économique, et de l’autres des habitants de pays du Nord de plus en plus au chômage et donc de plus en plus réticents à les accueillir.
                S’ensuit alors dans les pays du Nord une formidable diversion électorale : au lieu de voter pour des dirigeants alter système qui permettraient de diminuer ce flux migratoire en faisant disparaitre tout ou partie de l’impasse socio-économique des pays pauvres, les habitants votent contre le flux de migrants, tantôt vu comme des voleurs de travail, tantôt comme des parasites (big up à Marine Lepen). Seulement, contrairement à ce qu’on pourrait penser, la plupart des gouvernements d’extrême droite ne changent pas le système en place. Ce n’était pas le cas du régime d’apartheid en Afrique du Sud, des dictatures militaires sud-américaines, de l’Espagne Franquiste, du Portugal de Salazar, de l’Allemagne nazie ou des différents régimes autoritaires d’Europe Centrale. Ces régimes tarissent en effet les flux migratoires, mais ne combattent pas l’oligarchisme. Au contraire, ils tendent à s’allier avec ce 0.1% pour installer des Etats forts et d grands oligopoles privés locaux. Cela contribue à passer d’un oligarchisme mondial à un oligarchisme national.
                Les jeunes migrants des pays du Sud ne sont pas responsables des délocalisations, des compressions de salaire, de la précarisation massive et de l’aggravation des inégalités. Quand on est soit même pauvre ou précaire, s’en prendre aux immigrés, c’est se tromper de colère. Il y a un fléau bien plus important vers lequel tourner cette rage.

dimanche 11 décembre 2016

Interlude Litteraire - La Mondialisation Malheureuse, partie 2: L'austérité.

Bonjour à tous! 

Je vous retrouve aujourd'hui pour parler à nouveau du contenu du livre La mondialisation malheureuse et des théories qu'il présente. Aujourd'hui nous n'allons parler que d'austérité, pour la deuxième partie. Il devrait y avoir encore deux autres parties pour traiter au moins en bref les sujets que j'ai trouvé les plus intéressants, puis nous reviendrons à des chroniques ciné plus classiques! 

Idée reçue : lors d’une crise, l’austérité va nous sauver
                Une idée qui est très répandue de nos jours, véhiculée par un peu tout le monde et notamment nos hommes politiques. La vérité est plus nuancée. 

                L’austérité, c’est quoi ? Comment ça marche ?
                Mettons nous d’accord sur la définition de l’austérité et des mesures qui l’accompagnent. L’austérité est une politique qui survient en général dans les pays en crise économique, et qui consiste, pour relancer le pays, à diminuer drastiquement les dépenses de l’état, tout en essayant d’augmenter ses recettes (bien que la chose passe souvent très mal, j’en veux pour preuve le programme de François Fillon qui, s’il veut diminuer le nombre de fonctionnaire et les charges sociales de façon importante, prévoit aussi de supprimer l’ISF, se privant du même coup d’une source de revenu, même mineure).
                En pratique cela se traduit par une privatisation des biens communs afin de leur faire générer du profit, le dérèglement de l’action des grandes firmes financières pour générer là encore du profit, et la coupe dans les dépenses sociales. Le problème que cela pose, c’est que ces mesures ne sont pas toujours prudentes quant on regarde la situation économique du pays : privatiser les biens communs revient souvent à augmenter leur coût pour les classes moyennes et pauvres, qui en ont le plus besoin ; déréglementer les actions financières est dangereux dans la mesure où le tissu économique du pays n’est plus assez solide pour supporter leurs stratégies agressives (c.f. les Krach Boursiers de 1983, 1991, 2000 et 2007) ; diminuer les dépenses sociales qui sont vitales pour les classes pauvres et précaires dans un contexte d’effondrement économique semble être un bon moyen d’appauvrir encore ces classes de populations. 

                Mais en vrai, ça veut dire quoi ?
                Prenons un cas concret : la Grèce. Je pense que je n’apprendrais à aucun lecteur que ce pays est en crise, mais jusqu’au cou. Pour relancer le pays, le FMI et l’UE a préconisé pas mal de réformes depuis février 2010, en échange d’aides financières de leur part. Treize ou quatorze, j’ai un peu perdu le compte, sous forme de plans d’austérité. Beaucoup de choses là dedans : gel des salaires, imposition croissantes sur les revenus, baisse drastique des charges sociales, augmentation de l’âge de départ à la retraite, diminution du nombre de fonctionnaires, baisse du salaire minimal, etc…  Ces mesures ont permis à la Grèce de se sortir de la crise et de reprendre une économie florissante.
                Ah non tiens. Si on regarde les chiffres de l’OCDE de 2008 à 2015, d’un point de vue de la population, le chômage a triplé depuis 2008 (de 9.62 à 26.5%), on atteint 73.5% des chômeurs qui sont des chômeurs de longue durée (contre 40.4% en 2008), 28.3% des 15-29 ans sont ni scolarisés, ni diplômés, si en formation et sans emploi (les Neet comme disent les anglais), et les dettes des ménages sont passées de 87.8% à 115% des revenus disponibles nets. On pourrait avancer que c’était un sacrifice nécessaire pour relancer le pays. Regardons alors les chiffres du pays. Entre 2009 et 2015, le PIB a baissé de 12.7%, la dette publique augmentée de 33.4%, les investissements dans les infrastructures ont diminués de 39.3%, et les recettes sur l’impôt des sociétés a diminué de 47%, preuve des difficultés qu’elles rencontrent. Autant dire que ces politique, au lieu de relancer l’économie de la Grèce, l’a fait sombrer encore plus vite dans le précariat et la crise.
                Pour l’anecdote, la même chose a été faite par le FMI dans les années 90 sur le Venezuela, avec globalement le même effet. En gros, crise économique dans le pays fin 80. Le président décide de suivre les conseils du FMI pour obtenir leur aide financière et privatise les industries pétrolières, diminue les programmes sociaux, supprime les contrôle de flux et d’afflux de capitaux étrangers, fin du contrôle des prix des biens de première nécessité. Ça marche bien au début, avec une bonne croissance des investissements étrangers. Mais ces mesures plongent les habitants dans la pauvreté (on constate une brutale augmentation de celle-ci), et donc de la criminalité et de la prostitution. Cela fait chuter la consommation par la même occasion. Pourtant les reformes continuent jusqu’à la faillite de la Banco Latino après qu’elle se soit surexposée lors de ses opérations financières, et qui emporte avec elle une grosse partie de l’économie du pays. S’ensuit une grosse crise de confiance des investisseurs étrangers, qui retirent leur argent du pays, provoquant l’effondrement économique total du pays. 

                D’accord, mais quel autre choix avons-nous ?
                Comment combattre la crise économique si l’austérité ne fonctionne pas ? Et bien réjouis-toi, ami lecteur, car il existe plusieurs possibilités.
                A l’échelle individuelle, cela peut passer par l’engagement dans une association locale ou un ONG globale qui limitent les dégâts sociaux et humanitaires de ces reformes, comme Klimika en Grèce, ou médecins sans frontières. Cela peut être de s’engager dans les entreprises œuvrant dans des domaines à caractères sociaux (plus d’infos auprès de l’ONG Ashoka). Pour un fonctionnaire, cela peut simplement faire preuve de lenteur dans l’application des réformes d’austérité, pour éviter la dégradation du système auprès des usagers. Ou diffuser les idées alternatives dans les médias de masse (internet, télévision, journaux) pour ceux qui y ont accès. Pour info, Dominique Strauss-Kahn avait publié une note affirmant que le FMI et l’UE se fourvoyaient au sujet de la Grèce, en 2015.
                Évidemment, l’essentiel peut être fait d’un point de vue des états, ce qui dépend donc des dirigeants que nous élirons prochainement. Voici plusieurs mesures possibles :
-          La politique contracyclique préconisée par le prix Nobel d’économie Gunnar Myrdal, et mis en place notamment par Franklin Roosevelt en 1929. Il estime que diminuer les dépenses et augmenter les recettes en période de crise est contre productif, et qu’il faut faire le contraire : augmenter les dépenses en périodes de crises pour relancer l’économie, puis augmenter les recettes lorsque l’économie va mieux. En somme, faire des économies pendant les années de vaches grasses, et dépenser ses réserves pendant les années de vaches maigres.
-          La relance dite keynésienne par la consommation, une voie choisie par le Brésil dans les années 2000 après l’explosion de la bulle internet, et dont j’ai déjà parlé dans ma chronique sur I, Daniel Blake. Je le remets ici au cas où : l’idée est la suivante : on commence par doper la consommation des ménages pauvres en leur donnant des aides financières et matérielles importantes (au Brésil, ça correspond à Fome Zero, et la Bolsa Familia). Dans le même temps, il a investit dans les travaux publics pour faire bosser les entreprises brésiliennes, et a taxé tous les produits non brésiliens pour que la consommation dopée des ménages profite avant tout au Brésil et non aux multinationales étrangères. Le Brésil, grâce à cette politique, a pu rembourser son emprunt au FMI avec deux ans d’avance.
-          La relance monétaire est une autre possibilité. En gros, la bande d’Etat créé de la monnaie pour prêter massivement cet argent aux grandes banques qui à leur tour prêtent aux ménages et aux entreprises. C’est ce qu’a fait le Royaume Uni à partir de 2009, et cela a plutôt bien fonctionné, puisque la croissance du pays est repartie en 2010. Une variante peut être d’utiliser l’argent créé non pas pour le prêter aux banques, mais pour investir dans de grands travaux de l’état pour redémarrer l’économie. La nuance étant la certitude, dans le second cas, que l’argent est bien utile aux populations, et d’éviter que les banques gardent tout l’argent prêté pour elles.
-          Faire comme l’Islande : renationaliser toutes les banques, abolir les dettes causées par la crise, et condamner en justice tout ou partie des responsables du krach boursier de 2007.
Vous l’aurez compris, l’austérité n’est pas la seule solution à la situation économique française, et il est important de s’en rendre compte. Il subsiste sans doute une question : si l’austérité ne fonctionne pas, pourquoi s’évertuer à la mettre en place ?
La réponse peut se trouver en se posant la question : à qui elle profite ? Généralement aux très grandes entreprises multinationales qui profitent de ces catastrophes économiques pour gagner de l’argent. Lorsque le Venezuela est en crise et que les habitants meurent de faim, il est très simple de délocaliser une usine là bas et d’embaucher la population à un prix défiant toute concurrence tant il est bas. On appelle cela le « capitalisme du désastre », un nom créé par l’intellectuel